(David Tennant) When you know better you do better

▬ " Ben, mon grand, je dois partir. " Du haut de ses pieds encore un peu instable, l'intéressé ne comprenait pas vraiment la signification de ces mots prononcés par la figure paternelle.
▬ " Tu reviens quand ? " Partir d'accord, il était grand, il pouvait bien le vivre depuis ses presque deux ans mais autant s'assurer de la date qu'il devrait attendre avant de redevenir le petit garçon à son père.
▬ " Je ne reviendrais pas. Mais toi tu pourras venir me voir. " Cette fois cela sentait vraiment l'arnaque et le garçonnet en fronça ses fins sourcils. Comment papa pouvait partir sans revenir, à quoi bon aller le voir alors qu'il suffisait qu'il revienne ?

Le divorce, chose devenue commune qui ne l'était pas encore à cette époque et qui attira bien vite l'attention des futurs compagnons d'école du garçon. "Il est où ton papa ?", "Pourquoi c'est toujours ta maman qui viens te chercher ?", "C'est ta tata la dame avec ta maman ? " Oui car non-contente de divorcer de son mari, Madame Dickens s'énamoura d'une autre jeune femme qui ne tarda pas vraiment à venir s'installer à la maison. En perte de repaire Benjamin décida que le silence serait sa protection, s'il ne disait pas à cette deuxième dame qu'il ne l'aimait pas elle ne pourrait le savoir et elle n'aurait pas de raison d'être en colère. Logique non ? Le garçonnet n'avait pas encore accepté cette drôle de situation qu'autre chose lui tomba sur les bras: une fillette, un bébé aux quelques cheveux roux qui acheva de lui voler la vedette aux yeux de sa mère... Mais dans quelle vie était-il tombé ?

C'est donc dans cette maison: où la loi féminine régnait que Benjamin grandit. Si il prenait soin de respecter l'harmonie du lieu il faut bien le dire: il ne manqua jamais de se prendre le bec avec cette sœur débarquée d'on ne sait vraiment où. Cette dernière en grandissant sembla définitivement monopoliser l'attention maternelle, à elle les beaux cadeaux, les félicitations et autres joyeusetés. Bon il n'était pas totalement mit à l'écart, il avait bien sa place dans le foyer mais celle de la demoiselle fut toujours plus brillante et s'il n'osa jamais le reprocher à sa mère cela ne manqua pas de créer quelques frictions avec sa sœur. Mais à son plus grand désarroi, lui non plus a toujours eu quelques difficultés à résister à la fillette. Ainsi il n'avait que rarement le cœur à chasser cette tignasse rousse parfois si collante et même parfois il pu apprécier qu'elle vienne le déranger, mais cela n'allait jamais le dire à l'intéressée !

Les années passèrent et Benjamin grandit dans cet arrière-plan qu'il apprit à apprécier. Ce n'était pas si mal comme position, on pouvait voir plein de choses de là. Son tempérament ne le fit donc pas sombrer dans un rejet du monde, bien au contraire car lorsque l'heure de choisir une voie professionnelle arriva il se tourna vers les autres: vers la médecine. Ses études, il pu les faire à l'Université de Galway mais en profita pour gagner un peu en indépendance même s'il comprit vite que la maison demeurait une ancre appréciable. C'est lors de sa cinquième année de médecine qu'une étrange nouvelle lui parvint: sa mère et sa compagne allaient prendre le large: direction l'Oregon, États-Unis. Lily-Rose sembla ravie de s'incorporer dans ce voyage, Ben lui fut prit d'hésitation. Sa vie il la construisait ici et il était bien assez grand pour voir sa famille s'éloigner... Il décida donc d'achever ses études à Galway et c'est ce qu'il fit. Cependant durant cette sixième année d'étude il ressenti l'éloignement avec son ancre familiale et se prit à imaginer un voyage...
   

Premier diplôme de médecine en poche, Benjamin arriva à Ashland. Car si sa vie était en Irlande, ses attaches semblaient se plaire aux États-Unis alors autant venir voir par lui-même. Après quelques courbettes administratives, il réussit à faire jouer quelques équivalences et entrer en internat à l'hôpital d'Ashland pour se spécialiser en chirurgie. Il fut le premier étonné à voir qu'il pouvait s'acclimater à ses cousins américains, c'était une autre vie mais... Il pouvait s'y faire. Cependant, et même si ses études croquaient la plupart de son temps, Ben ne rata pas les occasions pour retourner vers ses racines en compagnie de sa sœur qui semblait aussi apprécier ces voyages.

Nouvelle vie, nouveaux amis, nouvelles rencontres, au final notre homme peut peut-être avouer avoir crée ici plus de liens solides ici qu'en Irlande, du moins c'est parfois l'impression qu'il a. Enfin en ce qui concerne sa vie sentimentale il n'y a toujours rien d'indélébile, il semblerait que son manque d'entrain à manifester ce qui lui passe par la tête plombe toutes les amorces de ce genre de relation. Néanmoins cela ne semble pas vraiment le perturber, il a des amis, cet étrange assemblage qui lui sert de famille et un boulot chronophage car depuis cinq ans il est chirurgien titulaire au Charity Hospital que sa sœur adore fréquenter.

La ville ici tourne souvent autour de ces âmes perdues qui errent dans le centre. Pour Ben ce ne sont que des patients comme les autres qui ont parfois besoin de ses services mais il ne rechigne pas à garder une oreille sur les conversations de ses amis qui travaillent là-bas. Après tout si ces hommes et femmes ont besoin de ça pour reprendre pied pourquoi pas, et mine de rien cela génère une petite économie interne qui fait tourner la ville.